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LEC 2021. Une LECture subjective ou Où sont les salons d'antan.

TheND • 28 septembre 2021

Plus de 4'000 visiteurs se sont réunis pendant deux jours, les 21 et 22 septembre 2021, au salon annuel LEC (L'Événement Connecté), organisé à Palexpo Genève. Les visiteurs sont venus admirer les derniers moyens technologiques et organisationnels de l'écosystème industriel et de services suisse. Le plus grand événement du secteur dans toute la Suisse a été non seulement l'occasion pour les 210 exposants et les milliers de visiteurs professionnels de se rencontrer, mais aussi une source considérable de croissance des ventes. Un événement réussi, passionnant et riche d'enseignements. Voilà à quoi aurait ressemblé l'histoire de quelqu'un qui n'était pas là et qui n'aurait pas été heurté par la réalité.


L'automne est là et la saison des foires et salons se poursuit, aussi soutenue que la pandémie. J'étais convaincu que tout le monde comptait les secondes jusqu'à ce qu'un véritable salon permettrait d'envoyer la distance physique en ligne et de réduire la température des processeurs ou le trafic de données. Mais l'inquiétude vous gagne lorsque vous vous rendez masqué à Palexpo et qu'au lieu d'une foule enthousiaste et impatiente, vous remarquez cinq personnes à l'entrée principale, dont deux vérifient impitoyablement les passeports sanitaires et tentent d'identifier rapidement les personnes qui transportent le COVID. Je me suis consolé en me disant qu'au moins le salon n'avait pas été suspendu, que j'étais peut-être venu trop tôt pour éviter la foule et qu'il était inutile de regretter les vieux événements conventionnels, bondés et ennuyeux. Mais tout mal mène à un bien: une fois à l'intérieur, j'ai trouvé une atmosphère chaleureuse, presque intime, digne des premiers jours de la pandémie - sans trop de masques et sans distance physique de 1 ou 2 mètres. L'allusion au contexte sanitaire difficile n'était faite que par les appareils de désinfection et l'équipe organisatrice, dont les masques faisaient plus partie de la stratégie de marque que de la stratégie de lutte contre les maladies respiratoires.


Les participants n'étaient toujours pas sûrs de la définition des éléments du concept de networking, si bien que tôt le matin, les exposants disposaient encore méticuleusement leur matériel promotionnel et leurs viennoiseries, de manière géométrique, et les visiteurs mesuraient les distances entre les derniers stands et les toilettes ou la zone de restauration sur le plan d'entrée. Mais alors que le soleil se couchait à 19:35, je me suis approché des premiers stands et des représentants rencontrés en chemin, j'ai fait connaissance, j'ai écouté, j'ai demandé, selon la coutume. Et comme je l'ai dit, la pandémie n'était pas le sujet de discussion numéro un, ou numéro deux, bref, personne ne voulait en parler. De plus, après quelques heures passées dans des espaces de plus en plus réduits, je me suis rendu compte que j'avais fait presque tout ce qui était interdit pendant cette période.


Pendant deux jours, j'ai traversé toutes sortes de stands, certains tristes, d'autres plus animés. Et, en passant, un discours m'est parvenu à l'oreille: le discours expert, technique, indigeste. De plus en plus de gens constatent qu'il n'y a pas beaucoup de personnes prêtes à vous convaincre de la validité d'une idée ou de la capacité d'un produit à satisfaire un certain besoin et que la situation s’aggrave. Mais en fin de compte, chacun a le droit de s'exprimer comme il le souhaite et de réclamer l'attention comme il le sait le mieux. Je suis donc entré dans conversation avec méfiance, car je suis horrifié par les entrepreneurs ou les spécialistes de génie. Heureusement, la plupart d'entre eux n'étaient pas des génies, juste sympathiques. Le problème du discours s'est posé lorsqu'il s'agissait d'informations et de prétendus attributs/qualifications qui devaient être étayés par des études, des graphiques et des documents. Il est regrettable que les participants à de tels événements se couvrent de ridicule en copiant sans esprit critique des méthodes et des techniques de communication à la mode.


Il y avait un autre problème: les 200 prises de parole. Nous vivons à une époque où quiconque a une opinion, sur absolument n'importe quel sujet, peut l'exprimer librement, n'importe où et n'importe quand. Ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas très bon non plus. Mais lorsque les opinions se réfère à des choses variables, mesurables et discutables, les seuls qui peuvent critiquer ces positions subjectives sont les praticiens de professions qui sont de plus en plus absentes de ces événements. Même s'il est très sain que les nouveaux médias ont changé le monde des critiques « autorisés » et ont permis la pluralité des opinions s'adressant à un public plus large, l'existence de discours improvisés, dans un langage hermétique que certains ne maîtrisent même pas complètement, cela fait plus de mal que de bien au business.

Et après tout, de quoi ont-ils discuté? Cybersécurité, cloud, disruption et, bien sûr, la transformation digitale. Tout doit être numérique, simple, en un clic! Nous allons numériser, nous allons simplifier, nous allons intégrer etc. Une réussite parallèle à la réalité, dans laquelle tout se développe. Après tout, les auteurs de ces discours ne sont coupables que d'insignifiance sous une forme continue. Prononcé avec emphase, la numérisation peut signifier n'importe quoi. Mais le mantra de la numérisation est-il vraiment nécessaire pour rattraper le temps présent? Et je n'ai pas pu omettre: les systèmes de gestion intégrés/bon à tout faire ou comment lésiner sur les moyens. De cette manière simple, au lieu de payer plus d'employés pour gérer des fonctions et des opérations spécifiques, certains très complexes, vous embauchez une seule personne pour tout faire et payée qu’une seule fois par mois. Ça a l'air sympa, n'est-ce pas ?


La bonne nouvelle, c'est que j'ai également rencontré des personnes intéressantes, cohérentes et authentiques. Ensemble, nous avons décidé que ce qui s'était passé pendant ce salon ne nous met pas en danger et que peut-être le COVID a tenu compte du fait que nous n'avions plus la patience de nous voir uniquement en ligne. Alors, nous avons dit : "Cette année n'a peut-être pas été celle que nous espérions, mais l'année prochaine... ! "